A offrir à tous les passionnés des peuples premiers :
ENFANT DU RÊVE, UN ROMAN EN TERRE ABORIGENE
36 euros les 2 volumes
( tome 1 : La grande terre australe, tome 2 : La rencontre)
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Extrait du tome 1 :
" Le lendemain, avant même que le soleil ne pointe son étincelle de sang, deux femmes, une ancienne encore forte et une toute jeune, enceinte dans les dernières heures du travail, quittèrent le campement. Elles marchèrent lentement tandis qu’une ligne lumineuse ourlait peu à peu l’horizon sur la bordure noire du désert. L’aïeule, à demi aveugle, hésitait dans la pénombre. - Donne-moi la main, dit-elle.
Nomi soutenant son ventre d’une main, prit de l’autre celle de la vieille femme. Elles cheminèrent ainsi lentement, s’aidant mutuellement. Elles parvinrent dans un coin ombragé, auprès d’un trou de rocher connu pour retenir de l’eau. Hélas la sécheresse avait eu raison de la dernière goutte. Nomi s’appuya contre la roche, grimaçant à chaque contraction. La grand-mère s’affaira tout de suite. Elle rassembla du tjanpi, s’assit à terre et prit entre ses pieds un morceau de bois creux qu’elle avait sorti de son sac. Elle y rassembla des brindilles puis y frotta vivement deux petites branches. Une légère fumée ne tarda pas à s’en échapper. Elle souffla doucement sur le feu naissant et ajouta quelques poignées de feuilles sèches qu’elle avait apportées. Une fumée épaisse, blanche et odorante, s’éleva bientôt. La vieille femme dit à Nomi d’enjamber l’herbe pendant quelques instants pour que cette fumée puisse baigner tout son corps. Puis elle la conduisit à un tronc d’acacia, et commença un massage profond de son dos, dans un mouvement lent et circulaire. Nomi ressentit un vif réconfort au contact des vieilles mains familières. Puis la grand-mère lui montra comment s’accroupir de façon à bloquer son dos contre le tronc, aidant ainsi le bébé à descendre de la matrice. Malgré ces soins attentionnés, le travail dura longtemps.
- L’arbre répand son énergie dans ton dos, répétait la vieille, rassurante, c’est le don de la puissance de la terre. Puis elle se mit à chanter doucement. Lorsqu’elle sentit que l’enfant allait paraître, elle creusa une petite dépression dans le sol sous les jambes de la parturiente, le réceptacle de la terre pour le nouveau-né.
Elle avait vu naître de nombreux membres du peuple Iparuka, mais à chaque fois, elle sentait l’angoisse monter dans sa gorge. Le moment qui allait suivre était le plus difficile, sur elle reposait la vie ou la mort du nouveau-né. En effet, elle, et elle seule, avait une décision à prendre en un très bref instant. S’il apparaissait que l’enfant était faible ou mal formé, ou bien qu’il était trop pâle, ce qui était signe que sa naissance et sa mort étaient confondues, ou encore si la mère elle-même avait été rendue malade ou trop fatiguée par l’accouchement, la vieille femme devait décider de recouvrir l’enfant de sable et de le laisser mourir, là, à l’endroit même où il était né. Mais Nomi était une jeune femme forte malgré les longues marches quasi quotidiennes qu’exigeait la saison sèche, et l’accouchement se déroulait bien, La grand-mère souhaita ardemment que le nourrisson ne soit pas porteur de quelque tare. Sa vue était bien mauvaise, elle le savait, mais ses mains ne la tromperaient pas.
Et l’enfant parut, naissant avec le jour, se tortillant, tout luisant dans la clarté de l’aube. "